Sur le chemin du retour, Sandou s’arrête dans l’un de ces petits parcs paradisiaques qui font la réputation de Tellus. Explosion d’émeraudes.

Il demande à la voiture Herté de l’attendre. Le véhicule robot s’éteint pour économiser de l’énergie.  Un petit sentier botanique fournit un prétexte à une promenade méditative parmi des arbres fruitiers autour d’un étang peuplé de cols-verts.

Le jeune homme cueille une pomme, qu’il lance en l’air de façon machinale. Il se félicite de l’avancement de son travail. Le distributeur mobile du parc détecte qu’il a soif. Il lui propose poliment une bière locale pour accompagner son fruit. Délesté d’un CU, Sandou la déguste sur un banc au soleil. Le liquide adopte de lui-même la forme d’un verre, sans le concours du moindre emballage ou contenant. Il n’y aura rien à jeter à la poubelle après avoir bu. La chaleur des rayons et l’alcool réchauffent l’âme.

Il charge une chanson bruyante du Bef sur la chaîne audio du banc. Il fixe la Terre. Il plisse les yeux pour essayer de reconnaître les continents cachés par des boules de coton. Il calcule la distance exacte permettant de cacher la sphère bleue avec la sphère rouge. Puis il mord à pleines dents dans cette dernière, en  se demandant ce qu’il pourrait bien faire de sa vie. Totalement dénué d’ambition, il est conscient depuis dix ans déjà que son destin ne sera pas exceptionnel.