Phnom-Peine

Nous nous rendons à la prison Tuol Sleng (S-21) et aux charniers de Choeung Ek, transformés en mémoriaux du génocide khmer rouge. Nous sommes accompagnés par nos deux « motodop »,  Koun et Sambath. Leur comportement lors de ces visites restera énigmatique.

Les salles de torture.

Les cellules.

Le gibet.

Les pièces minuscules où l’on attachait aux fers plus de cinquante personnes.

Sur le mur où sont exposées les photos des suppliciés, Koun désigne les clichés de ses parents avec un sourire poli : sa mère, un trépan dans la nuque, et son père, un trou de baïonnette au centre du thorax.

Toute sa famille a été exterminée par les Khmer rouges pour avoir soutenu le précédent gouvernement. Lui seul a survécu, en s’enfuyant dans les bois à seize ans, s’y cachant quatre ans. Un Barang l’a pris en affection quelques années plus tard, lui achetant une moto pour qu’il puisse gagner sa vie.

Les fosses.

Les crânes de quelques 9000 personnes (une fraction des 1,7 millions de victimes du génocide).

Les branches de palmier coupantes pour décapiter.

On tuait avec des haches, des plantes, des scorpions, les moyens du bord.

La violence pure. La folie.

Koun ramasse pour nous trois dents « en souvenir », nous les cherchant parmi les ossements avec beaucoup de zèle.  Il demande à faire une photo de lui et de Sambath simulant une exécution avec une branche de palmier coupante, avant de plaisanter et chantonner du pop khmer pendant le reste de la visite.

Sambath ne dit pas un mot.  

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