Sans effort, Réola se trouve transportée au milieu de la savane africaine. L’herbe jaune, mi-haute, est agrémentée d’acacias écrasés par le ciel. Quelques kopjes inoffensifs challengent l’horizon sans limite. Des gazelles de Grant et de Thompson arrachent des brins dorés au milieu d’un troupeau de zèbres. Ersatz de paradis terrestre pour tout humain du XXIIIème siècle. Purgatoire pour Réola, qui contient sa peur panique d’être dissoute dans l’air pur.
Elle se raisonne. Elle se rappelle que tout cela n’est qu’une reproduction virtuelle de la savane. Elle est bien en train de respirer l’air confiné de son logement et non la senteur piquante de la plaine rousse.
Un jeune homme vêtu d’une couverture Masaï vient à sa rencontre. Il lui désigne du doigt un animal. Ses lèvres bougent mais elle ne peut saisir ses paroles.
– Louiléo, le son ne marche pas !
– Attends, je crois savoir pourquoi. Ok maintenant ?
– Oui.
Réola retourne sur la plaine. Elle capte les mots du jeune homme. Ce n’est pas un Masaï, mais un blanc. Elle reconnaît Sandou. Il la rejoint d’un pas traînant. Il lui montre un guépard. L’animal reste assis sans bouger. Il se laisse approcher de tout près. Réola distingue ses larmes noires, des larmes de joie d’avoir survécu à la cupidité des hommes.