A la gare routière, nous sommes abordés par des enfants misérables portant une petite boîte en fer blanc ou une calebasse en bandoulière. Ils « étudient » à l’école coranique le matin et mendient pour manger l’après-midi. Ils vont pieds-nus, avec une chemise ou une veste d’adulte déchirée, le ventre gonflé et le crâne mangé par la gale ou les mycoses. Ils ne sont pas drogués. Ils se montrent polis et doux, donnant du « Bonjour Madame, Bonjour Monsieur », n’insistant pas auprès des voyageurs.
Des fantômes de charbon.
L’un d’eux, Abdulah, reste deux heures à mes côtés à regarder des parties de dames, amorphe, étendu dans la poussière.
Nous nous posons LA question qui inévitablement rattrape le voyageur occidental. Devons-nous offrir de l’argent ou de la nourriture ? Si nous le faisons de manière trop voyante, nous déclenchons une émeute. Abdulah est un parmi trente aujourd’hui. Alors discrètement, nous donnons une pièce à l’un, nous laissons boire l’autre à notre bouteille.
Rien de plus.
Les passants s’en moquent. L’enfant est au bas de l’échelle sociale en Afrique.