Lyon-Paris

 

La vitesse dissout le paysage dans les rayures des vitres en plexy. Céleste balancement de droite à gauche. Une femme dort, en uniforme de la sécurité de l’aéroport de Roissy-CDG. Son fils mastique du chewing-gum à grand bruit, ipod aux oreilles. Il imite son père. A moins que ce ne soit son grand frère. Assis en face de lui, casquette sur les yeux. Au carré d’en face, deux petites filles qui ont manqué l’école. Et un couple qui ne se parle plus.

Le train, le TGV. Un endroit où des gens sont ensemble pour quelques heures. Pas d’avant, pas d’après, comme une vie en accéléré. Le quai. Le néant qui borde une tranche d’existence. Attendre. Mâcher du temps.

Accoudoirs défraichis, lampes au halot falot, tables pas trop nettes. Deux-cent cinquante kilomètres heure. La classe. Mais la seconde.

Une famille en combinaison à changement de couleur s’installe sur la plateforme. Bulle privative dont les vitres peuvent s’opacifier à la demande. Les parents aident les plus jeunes à fixer leur ceinture. Un garçon de huit ans tient une pyramide holo au creux de sa main. Hypnose. Le train entre en gare. La plateforme-bulle pivote et se fixe sur le châssis, sans que les passagers aient besoin de bouger. Glissement silencieux sur les rails magnétiques. Une demi-heure et la banlieue de Paris dévore déjà ses arrivants.  
 
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