Alors que nous avons survécu à la fin du monde du 21 décembre, un autre cataclysme imaginaire nous guette : le livre numérique.
Le livre papier devrait mourir en même temps que le dernier humain «paper native». Comme le cinéma devait disparaître à l’avènement de la télévision. Le livre se doit d’entrer dans le monde d’internet, comme la musique, qui a envoyé le CD aux oubliettes.
Le progrès. 2000 ouvrages dans 200 grammes de liseuse (mais qui peut lire 2000 livres par décennie ?). Possibilité de réinventer la forme avec des hypertextes ou des vidéos. Moins cher. Plus de libraires. Morts laissant la place à de nouveaux et passionnants métiers.
Et pourtant.
Le cinéma est toujours là bien vivant, se superposant à tous les autres médias. Les livres numériques représentent moins de 4% des romans achetés en France en 2015 (plébiscités surtout par les gros lecteurs). La baisse modeste des ventes de livres cette année (-1,3%) s’avère essentiellement due à la crise. Les achats de liseuses sont inférieurs à l’an passé (au profit des tablettes, plus génériques). Le livre papier est loin d’être défunt.
Comment est-ce possible ? Ce n’est pas la beauté de l’objet qui l’emporte. Les livres du XXIème siècle sont imprimés sur du mauvais papier low cost bourré de produits chimiques et de colle toxique. Non, les petits bouts d’arbres proposent autre chose.
Une batterie à durée illimitée. La dilatation du temps. Une richesse qu’internet ne peut donner. Le silence, la mono-tâche, la lenteur, la concentration ultime sur un texte long, un univers coupé du monde physique. Internet est devenu le réel, le livre papier un lieu d’évasion. Un instant épais et sans écran.
J’ai frôlé l’overdose d’écran avec ma liseuse. Je m’en suis sortie. Je l’ai jetée. Il n’y a qu’avec un vieux « tree book » qu’on est vraiment pénard.
Eh oui ! le livre papier n’est pas mort, loin de là ! Il n’y a qu’à voir les statistiques de la SOFIA et le chiffre de 2 pour cent seulement de lecteurs concernant la lecture numérique (et 20 pour cent aux USA) : en cause, le prix des liseuses, le nombre de titres disponibles assez faible, les incompatibilités entre les marques de liseuses et les titres (par ex : il faut charger des livres FNAC pour une liseuse FNAC etc.
Et surtout, le lecteur passionné adore se promener dans les rayons des librairies et feuilleter des ouvrages au gré de son inspiration.
Ce sujet du numérique face au livre papier sera au coeur de l’actualité du prochain salon du Livre de Paris.
Et en tant qu’auteur(e), je me pose la question : comment dédicacerais-je mes livres numériques ? Et comment rencontrerais-je les lecteurs si les salons du livre devenaient virtuels ?
Et on ne pourra plus abandonner sur un banc ce vieux livre lu maintes fois, pour en faire profiter d’autres, faire circuler les lectures gratuitement…
Le livre numérique, c’est bien quand on a besoin de place et de voyager léger, ou pour s’éviter une documentation de bouquins encombrants… C’est un état d’esprit différent.
Une comparaison : Lorsque j’étais aux Beaux-Arts, au milieu des années 7O, on évoquait comment la photo risquait de tuer la peinture de chevalet…Et bien, il n’en a rien été…
Je vois que je ne suis pas la seule à penser que le livre numérique va simplement se superposer aux autres médias, comme la vidéo avec la photo et la photo avec la peinture. Merci pour ce commentaire et à très bientôt ! Lou-Jan
Menteuse, t’as jamais eu de liseuse !
Okay Okay… J’avoue… A bientôt. Lou-Jan