Le passage

Kapil éprouve un immense soulagement.

Endormissement.

Son corps, déjà fort léger, ne pèse plus rien du tout. Il n’a pas eu le temps de dire au revoir, peu importe… On se recontactera bientôt. Il se trouve au milieu d’un fatras de câbles roses, des centaines de fils enchevêtrés qui forment des nœuds colorés. Il avance encore un peu dans ce data center mouvant, jusqu’à se trouver bloqué dans le maillage serré. Il ne peut plus bouger. Les fameux « embouteillages ». Il y est. On dit que les bouchons se résolvent d’eux-mêmes. Il suffit d’attendre patiemment.

De fait, après ce qui lui semble être une paire d’heures, et sans avertissement aucun, son spaghetti se dénoue délicatement : il passe dans le courant empathique. Il est entraîné à grande vitesse dans une direction précise et inconnue. Toute résistance est vaine. Il faut se laisser porter à travers les cocons lilas, aux nuances variées et formes récurrentes.

Le filament de son âme s’immobilise enfin. Est-ce là qu’il va résider maintenant ? Au sommet de cette barbe à papa toute moche ? Il sent une espèce de chatouillis.

–    Ah ! Te voilà finalement !

–    J’ai été bloqué dans les bouchons.

–    Oui, il y a eu une vague de décès cette semaine. On nous a dit que la voie d’accès au courant était particulièrement chargée.

–    Combien de temps ai-je mis ?

–    Presque un mois. Tu as loupé ton enterrement.

–    Un mois ! Ça passe vite ici ! C’était réussi ?

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