Hanoï

Depuis la terrasse, nous pourrions observer les petits métiers de Hanoï. D’éphémères commerçants vendent le contenu d’un chapeau ou de deux paniers reliés par un bambou. Des vieilles quadragénaires aux dents rougies par le bétel monnaient des tasses de thé. Sur le trottoir, des femmes récurent leur vaisselle, dont la couleur du jus rappelle le Pho, la soupe vespérale.

Nous préférons peaufiner notre préparation psychologique : Mattéo s’entraîne au Maxiscore de Télé 7 Jeux sur un exemplaire importé clandestinement par mes parents lors de leur dernière visite. Je viens l’épauler. Nous échouons tous deux à quelques points du record. Pour tout dire, j’ai quand même fait mieux que lui.

Mattéo finit par suggérer que nous perdons notre temps à jouer ainsi les cruciverbistes sur la terrasse des jours durant. Mais peut-on perdre son temps lorsqu’on a justement tout le temps à perdre ? Et encore, nous ne faisons que remplir les grilles… Que dire de ceux qui les conçoivent ? Est-ce un privilège de retraités ? Pourquoi ne pourrions-nous pas nous y adonner sans vergogne à trente ans, même à Hanoï ? Le but de l’existence n’est-il pas de, petit à petit, devenir imbattable au Sudoku et Candy Crush ? Si l’on est champion trop tôt dans la vie, que reste-t-il à faire ensuite ?

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