Entrée dans l’avion. Angoisse. Peur. Non pas de traverser les océans dans un cigare volant, mais d’avoir un mauvais voisin de siège pendant douze heures. Libidineux, hypervolubile, ou XXXXL. Je rentre mes bagages avec soin dans le compartiment. Tétris des valises. Je m’assois sur un fauteuil plus fatigué que moi. Bourrer les livres dans la poche de devant tapissée de miettes. Je redoute le désastre. Mains sur les genoux.
Catastrophe aérienne. Un hypervolubile libidineux XXXXL atteint d’halitose écrase le siège d’à côté en souriant. Le fauteuil rend l’âme dans un gémissement bleu. J’ouvre mon PC pour m’évader dans l’univers de powerpoint. Pas d’autre porte de sortie sans parachute. Mon voisin me demande d’où je viens, lorgne sur mon écran, truste les deux accoudoirs, déplie son journal, ses jambes vont au contact des miennes. Regard furibard. Il dévore le plastique qui tient lieu de repas. Il est affable avec l’hôtesse, qui le lui rend bien. Ronflements qui couvrent ceux du moteur. L’accès au couloir est bloqué, ma vessie va exploser.
Atterrissage. Mon voisin plie sa couverture en plaisantant. J’ai peur qu’il ne m’étouffe au passage. Il me demande à nouveau d’où je viens. Borborygmes. Après m’avoir saluée, il remonte les rangées vers la porte et s’écroule à l’arrivée sur la passerelle. Embolie pulmonaire liée à une phlébite. Samu. Il risque de ne pas s’en sortir. Je lui crie, paniquée, que je viens de Paris. Si j’avais su.
« Le livre de la vie est le livre suprême qu’on ne peut ni fermer ni rouvrir à son choix.On voudrait revenir à la page où l’on aime, et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts » – LAMARTINE
Merci pour la citation.
L’halytose et la phlébite… ca sent le vécu !
Le vécu, façon de parler… Le type est mort.