1Q84. « 1quiou84 » de Haruki Murakami. Quatre millions de ventes au Japon, 400 000 en France. Comment un tel prodige est-il possible ? Comment écrit-on un best-seller ? Et qui plus est, un best seller de 1500 pages ?
Une bonne histoire. Cela suffit. A quoi mesure-t-on la qualité d’une histoire ? L’intrigue emporte, capture. Lecteur prisonnier. Une histoire tellement prenante qu’elle oblige à se coucher à trois heures du matin alors qu’on a une journée chargée au bureau le lendemain. Le captif d’1Q84 est séquestré par Aomamé, la professeur de stretching et Tengo, le ghostwriter, deux âmes solitaires qui peinent à se dire les choses.
Etre à la lisière. Porosité des genres et des cultures. Tout le monde se sent chez soi et dépaysé.
Transfiction, à la croisée de la science-fiction et de la littérature générale. 1Q84 est une grande boite remplie de lutins, d’uchronie, de mondes parallèles, de mégalopole du futur, d’émotion, de sensibilité, de talent de portraitiste, de style (aux descriptions appuyées). Quelques scènes de sexe et de violence.
Transculturelle, au carrefour du Japon et de l’Occident. 1Q84 est typiquement japonais : le fantasme de l’adolescente, la cuisine, l’impossibilité de dire, le manga, le personnage d’Aomamé. L’ouvrage fait aussi sans cesse référence à l’occident : la Sinfonietta de Janacek, Proust, les marques de vêtements, la religion des témoins, le personnage de Tengo.
Ce supplément d’espace et de temps déplace le lecteur dans un autre univers. Mais pas trop loin. Juste une lune de plus. « Ils ne le savaient pas alors, mais c’était là l’unique lieu parfait en ce monde. Un lieu totalement isolé et le seul pourtant à n’être pas aux couleurs de la solitude. »
Publicité. Best seller égale battage médiatique éléphantesque. Net, Librairies, revues, télé, tout le monde ou presque voudra vous délester de 66 euros pour trois tomes.
1Q84, roman japonais, a un côté série américaine, avec ses personnages fouillés qu’on suit au long court et une intrigue à rebondissements.
Sauf qu’on y mange mieux qu’aux US ! (cf les longues descriptions de plats cuisinés au fil des pages).